Panier Escadrille Paris

Partir loin, très loin, pour s’émerveiller et découvrir différemment 2 destinations fascinantes vues par Laurence, la fondatrice d’Atelier Ikiwa , collaboratrice régulière d’Escadrille et qui partage depuis quelques mois avec nous son amour du voyage.⁠

Avec sa sensibilité de photographe nous la suivons dans Séoul la vibrante, Tokyo la palpitante, et Kyoto la douce, un regard amoureux de l’Asie tout entier tourné vers l’artisanat et l’héritage de 2 pays exceptionnels. ⁠

Visites d’ateliers, de maisons de thé, de lieux pour rêver, plongées dans des traditions immuables ou dans la nouvelle scène créative… Un voyage empreint d’émotions pour ce retour en Asie après de longs mois qui nous ont tenus à distance de ces bouts du monde. Des adresses précieuses à conserver pour préparer un prochain voyage au Japon ou en Corée, ou les 2, qui se complètent si bien !

AU JAPON, POUR RETROUVER SA CAPACITÉ D’EMERVEILLEMENT

TOKYO, LOST IN TRANSLATION

De quand date la dernière fois que vous vous êtes réellement perdue dans une ville? Avec les GPS de nos smartphones qui nous indiquent où nous sommes en permanence même sans réseau ou wifi se perdre en voyage devient mission impossible. Et pourtant… à Tokyo il faut accepter de se perdre, vraiment, mettre son téléphone en mode avion et se laisser guider par ses sensations. Il n’y a absolument aucun danger à le faire, mais tout à y gagner, pour se reconnecter avec le goût du voyage et de l’imprévu.⁠

Réapprendre à s’étonner, comme un enfant qui découvre quelque chose de merveilleux pour la première fois. Tout trouver surprenant : les forêts de néons multicolores, la foule qui traverse à Shibuya, la vue de Tokyo au 52ème étage d’une tour de Shinjuku, le bruit des salles de pachinko, les annonces et la musique dans le métro, les vendeurs qui vous tendent des paquets de mouchoirs publicitaires, les salons de karaoké, le museau du shinkansen, les kombini ouverts 24h/24, le calme des jardins… Ces images vous rappellent quelque chose?⁠

Avant de partir pour un prochain voyage au Japon replongez-vous dans Lost in Translation, le fabuleux film de Sofia Coppola qui n’a pas pris une ride et imaginez-vous perdu dans Tokyo, dans cet univers qui ne ressemble à nul autre, qui à lui-seul pourrait être la définition du mot dépaysement. Tous les superlatifs s’appliquent à Tokyo, la ville la plus peuplée au monde tout de même, et pourtant elle est d’une humanité et d’une délicatesse incroyables, et se découvre en déambulant sans but dans ses quartiers qui sont autant de villages.⁠

Donc perdez-vous dans Tokyo, et gardez cette citation en tête, « Ce n’est inscrit sur aucune carte ; les vrais endroits ne le sont jamais. » (Herman Melville)⁠

KYOTO, ÉMOTIONS GARANTIES

Les premiers pas à Kyoto sont toujours déroutants. Ah bon, c’est ça cette ville dont on loue la beauté : ce tissu urbain gris et triste, cette circulation frénétique ?⁠

Mon conseil serait, même si vous n’avez pas beaucoup de temps à Kyoto, de vite laisser la gare loin derrière et de ne pas commencer par les temples et les sanctuaires les plus touristiques, mais au contraire d’en choisir tout d’abord un dont on ne parle pas tellement, pour y être seul au monde ou presque. ⁠

Et là d’un seul coup vous comprendrez ce qui forme le cœur battant de Kyoto, sa douceur et sa splendeur, dans les chuchotements et les chants d’oiseaux, les vieux planchers de bois qui craquent sous les pieds, les effluves d’encens et de cèdre, les coursives d’où le jardin se déploie, somptueux quelle que soit la saison, car il a été pensé pour cela. Alors on se pose un instant, ou très longtemps, et on savoure ce moment-là, cette quiétude. Des émotions qui seront toujours renouvelées, que ce soit le premier ou le 15ème voyage.⁠

⁠Mes temples préférés à Kyoto pour éviter les foules et vivre de merveilleuses expériences :⁠

A l’EST: Honen-in; Eikando (mais pendant les feuilles rouges il est pris d’assaut); Shinnyodo; Shōren-in⁠

Au NORD: Daitoku-ji (notamment le kōtō-in, fermé en ce moment mais qui devrait rouvrir bientôt)⁠

A l’OUEST: Otagi Nenbutsuji (Sagano)⁠

Au SUD: Chishaku-in; Tōfuku-ji⁠

TOKYO, LE CALME DANS LE CHAOS

Tokyo fascine comme elle épuise et de temps en temps le besoin de lever le pieds de tant de lumières, de sons, de mouvements se fait sentir. Dans ces moments-là, direction des maisons de thé. Mais pas les cérémonies du thé traditionnelles japonaises, dont les codes sont un peu trop intenses pour les néophytes que nous sommes. ⁠

Non, plutôt des lieux contemporains d’une beauté inouïe qui réinventent la contemplation, le plaisir de prendre son temps, le cérémonial mais accessible, la douce sophistication, dans des décors minimalistes et sublimes. Adresses précieuses cachées des regards et coups de coeur garantis.⁠

Sakurai Japan Tea Experience . Dans la chic Aoyama, au 6ème étage du bâtiment Spiral, un minuscule salon de thé, 8 places seulement, le brouhaha de la ville loin en contrebas. On chuchote et on admire, la gestuelle, l’architecture contemporaine, le bois de la table, les tons chauds sublimes, les belles céramiques, l’uniforme tout en rigueur de la maîtresse du thé. C’est notre madeleine de Proust tokyoite, le premier lieu dans lequel on fait escale en arrivant.⁠

Yakumo Saryō . Dans Naka Meguro, un peu excentré, réservation obligatoire. Le lieu est exceptionnel, une maison d’ambiance très japonaise tout en étant d’un aménagement ultra contemporain, d’une élégance folle. Dans la pièce réservée au sabō (la cérémonie du thé), une large fenêtre donne sur une nature parfaite. On perd la notion du temps, on est subjugué par les détails, les découvertes, tous les sens sont sollicités. Magique, vraiment.⁠

Yamamotoyama Fujie Sabō . Dans Nihonbashi, donnant sur un grand boulevard dont on s’extrait dès la porte franchie, un salon de thé qui joue sur la simplicité tout en étant tout de même extrêmement sophistiqué dans son décor et la qualité de l’expérience qui met en scène des thés, issue d’un héritage de plus de 330 ans. Adresse parfaite si l’on manque de temps tout en souhaitant une vraie belle expérience japonaise autour du thé.⁠

KYŌTO, L’AUTOMNE EN MAJESTÉ

Le changement de couleurs des feuilles d’érables c’est un moment exceptionnel pour être à Kyōto ! Le très sérieux calendrier officiel de suivi du rougeoiement des feuilles l’avait annoncé, à Kyoto, à partir du 15 novembre 2022 cette année, un merveilleux spectacle attend ceux qui auront la chance d’être dans l’ancienne cité impériale.⁠

Le hanami du printemps (pendant lequel on admire les sakura, les fleurs de cerisiers) est maintenant célèbre dans le monde entier, mais savez-vous que kōyō (les feuilles rouges) et momiji (admirer les feuilles rouges des érables) sont des périodes tout aussi magnifiques au Japon? A Kyoto c’est un éblouissement partout, une contemplation poétique qui exprime le passage du temps, un moment emprunt de nostalgie dont on profite justement car il est éphémère.⁠

⁠Kyoto est un centre urbain important mais la montagne y est bien souvent au bout de la rue, et la nature partout présente avec ses milliers de temples et sanctuaires, donc admirer les feuilles rouges est un plaisir dont tout le monde peut profiter, et les appareils photos sont de sortie pour “chasser” les plus belles.⁠

⁠Notre temple préféré pour admirer kōyō c’est le sublime temple Eikando, au pied du Chemin de la Philosophie. Il faut y aller dès l’ouverture, l’endroit est sinon beaucoup trop fréquenté. Mais d’autres temples plus calmes permettent également de profiter d’un spectacle féérique: Shinnyodo vers la colline de Yoshida, Nison-in et Jōjakkō-in à Arashiyama, et pour ceux qui aiment les randonnées la balade vers Enryaku-ji en haut du Mont Hiei et celle entre Kurama et Kifune sur le Mont Kurama sont magnifiques à cette période.⁠

JAPON, ÉLOGE DU BEAU

La courbe du toit d’un temple, la pénombre dans laquelle un vase d’une discrète simplicité accueille une seule fleur parfaite, le bois sombre patiné par le temps, les pétales des fleurs de cerisiers qui forment un tapis soyeux au sol, le thé matcha qui déploie son vert intense dans le bol que l’on fait tourner de la main, le chemin de pierres polies par les siècles… La beauté du Japon apporte toujours beaucoup d’émotions au voyageur même le plus aguerri, car dans ses microscopiques détails se cache une perfection qui n’a rien à voir avec l’ostentation.

Au contraire, car la beauté japonaise c’est notamment celle du wabi sabi, lorsque la valeur d’une chose est mesurée à sa tranquillité et à sa simplicité, à ce qui ne se voit pas, à l’émotion du temps qui passe inexorablement et qui la rend encore plus belle, dans sa parfaite imperfection.

Le style Japon apaise nos vies contemporaines, c’est pour cela qu’il continue à avoir une grande influence dans la décoration intérieure, par petites touches, un bel objet, des bois anciens, laisser le temps faire son oeuvre, ne pas chercher l’accumulation. On adore ! Et en attendant le prochain voyage les Jardins du Musée Albert Khan pour les franciliens permettent de s’échapper quelques heures.

EN CORÉE, REGARDER LE FUTUR S’ÉCRIRE

SÉOUL, NOS ADRESSES POUR UNE PAUSE SUCRÉE

Séoul a de l’énergie à revendre, et on est vite happé par le rythme de la ville entre balades et visites. Mais le plaisir du voyage c’est aussi de savoir lever le pied, se poser quelque part et regarder les gens qui passent, la vie qui s’écoule, prendre le pouls de la ville en l’observant. ⁠

⁠Notre chance, c’est que Séoul a une formidable culture du thé, et également du café, et que la ville ne manque pas de lieux superbes, contemporains ou traditionnels, pour se poser quelques minutes…ou quelques heures. Voici nos préférés, à ajouter à votre carnet d’adresses !⁠

Tteuran Tea House (@cafe_innergarden). Dans le labyrinthe des ruelles de Ikseon-dong ce salon de thé traditionnel est un havre de paix et de verdure. Essayez le thé Ssanghwa, qui signifie “harmonie entre le ying et yang”, un véritable thé-médicament qui aide à combattre le jet-lag, un goût unique avec son mélange d’épices un peu mystérieux !⁠

Haap Wonseo . Choisir l’adresse au pied de Bukchon pour découvrir toute la délicatesse de la pâtisserie traditionnelle coréenne. L’espace est en étage, c’est petit, merveilleusement décoré, on n’y parle que coréen, mais quelle expérience de poser le doigt au hasard sur la carte écrite en hangeul pour choisir quelque chose !⁠

Des hanoks (maisons traditionnelles) ont été réhabilitées pour accueillir de superbes cafés, et le mélange de l’ancien et du moderne est très réussi. Le plus célèbre, @cafe.onion (à Bukchon) est généralement pris d’assault. A essayer également,

@lake_coffee_more et @pieceisland_seochon, à côté du Palais de Gyeongbokgung, sont superbes.⁠

Et notre salon de thé contemporain coup de coeur c’est @Osulloc à Bukchon, qui est une ode à la culture du thé de l’île de Jeju. Tout y est beau et bon!⁠

SÉOUL, S’ÉMERVEILLER DE SA CULTURE

Dans Séoul la tentaculaire à la découverte de la culture coréenne. Au-delà du succès planétaire de la K-Pop, du K-Drama et autres “K” faisant partis du hallyu, la vague coréenne, et des images d’une ville tournée vers le futur et d’une énergie folle, quel luxe de pouvoir ralentir le pas, déambuler en dehors des quartiers ultra-urbains, pousser les portes de vieilles maisons hanok parfaitement restaurées, et découvrir des lieux préservés de la frénésie mais parfaitement ancrés dans une élégante modernité. ⁠

Une approche qui a apporté d’autres images, plus douces, plus calmes de cette ville mal connue, moins en tout cas que Tokyo, sa voisine japonaise.⁠

Dans ce Séoul du K Craft, nous avons vu le somptueux mélange des vieux bois, le beau papier hanji des portes coulissantes, et découvert l’art sublime du pojagi, pièce de textile pliée avec dextérité pour contenir des objets du quotidien ou des cadeaux, symbole de chance et de prospérité.⁠

Ainsi que l’art, absolument spectaculaire, du maedup, les noeuds décoratifs, sans oublier les traditions autour du thé, mêlant les feuilles de thé vert avec herbes, épices, fruits, pour une approche très holistique qui réconcilie le corps et l’esprit.⁠

⁠Séoul est un voyage de tous les sens, vibrant et passionnant.⁠

Textes et photos: Laurence Corteggiani, Atelier Ikiwa