COPACABANA PALACE, RIO DE JANEIRO
Il y a très exactement 1 siècle cette année le Copacabana Palace ouvrait ses portes sur ce qui est sans doute la plus spectaculaire et la plus célèbre plage du monde, Copacabana, à Rio au Brésil. Sur une photo de 1923, l’hôtel, fastueuse meringue Art Déco conçue par un architecte français et inspirée par le Negresco à Nice trône seul au bord de la plage, il n’y a quasiment rien autour de lui, juste le long croissant de sable et l’océan Atlantique à l’infini.
100 ans plus tard le quartier de Copacabana est devenu archi urbain, toujours coincé entre la mer et la forêt, et assez méchamment bétonné aussi il faut bien le dire. Mais le “Copa” comme l’appelle les cariocas reste un éblouissement esthétique. A l’intérieur même si les rénovations d’usage lui ont donné un lustre adapté au luxe d’aujourd’hui son charme est toujours aussi stupéfiant, avec sa grande piscine encadrée du blanc des bâtiments et du vert profond de la végétation, lieu de rêve où siroter une caipirinha. Eden de calme, au coeur de tout ce que Rio offre de plus beau, l’énergie de l’Avenida Atlântica (qui n’existait pas au moment de la création de l’hôtel, le sable était juste à ses pieds), les gargotes et la plage immense théâtre de la vie brésilienne.
Le Copacabana Palace a toujours été le point de rendez-vous jet-set de l’Amérique du Sud, et en 1964 Brigitte Bardot y a créé l’émeute, assiégée par les paparazzi. Il reste d’un glamour incomparable, point de repère visuel rassurant lorsque l’on arpente les 4,5km de la promenade en marchant sur les célèbres vagues de mosaïques “Princesinha do Mar” créées par Roberto Burle Marx.
HÔTEL HASSLER, ROME
Elle marche d’un pas vif, lunettes de soleil vissés sur le nez, petite silhouette toujours chic, son minuscule chien à ses côtés. On la voit monter les marches devant la place d’Espagne, arrivant en haut, devant Trinita dei Monti, et s’engouffrant dans un bâtiment derrière des portes vitrées pour échapper aux paparazzi que l’on imagine aux aguets. Elle, c’est Audrey Hepburn, et derrière ces portes, c’est l’hôtel Hassler. 2 icônes dans l’une des plus éblouissantes villes d’Europe : Rome.
Audrey a eu une longue histoire d’amour avec Rome, où elle a vécu, et elle est souvent et longtemps restée à l’hôtel Hassler, notamment pendant toute la durée du tournage de “Vacances Romaines”. On comprend pourquoi, de l’hôtel Hassler c’est la plus belle vue du monde qui se déploie juste sous les fenêtres ou depuis les terrasses, surplombant la città eterna et toute sa grandiose féérie, avec juste en contrebas ces fameuses marches où Audrey s’assoie pour manger une glace dans ce film qui a donné pour toujours à Rome son image ultra désirable.
Regardez vos photos de voyages à Rome, la Place d’Espagne, les marches, l’église de la Trinita dei Monti en haut, et à droite, l’hôtel Hassler est là, un peu caché, vous l’avez peut-être manqué mais il est sur la photo, avec sa belle façade fin 19ème dans les mêmes tons ocre qui font la renommée de la ville.
A défaut de pouvoir séjourner dans la même suite qu’Audrey, on se laissera tenter, au bar sur le toit, par ce qui se chuchote être le meilleur Bellini de la ville. La définition parfaite de la Dolce Vita !
HÔTEL RAFFLES, SINGAPOUR
On écrit “hôtel” mais en vérité il suffit de dire “LE” Raffles, parce qu’il n’y en a qu’un, qu’il est reconnaissable immédiatement, avec sa façade blanche époustouflante, ses jardins tropicaux et son service légendaire, et il est même devenu l’une des premières attractions touristiques de Singapour, cette ville-monde qui n’en finit pourtant pas de se réinventer.
Pourquoi le mythe du Raffles reste t’il aussi parfaitement ancré 136 ans après son ouverture ? Peut-être parce qu’il nous évoque un certain style de vie, qu’on imagine tout en élégance compassée, tenues de soirée, afternoon tea et surtout, cocktails au Long Bar, l’endroit le plus mythique de l’hôtel certainement.
Après tout on y trouva un jour un tigre échappé d’un cirque voisin, et nombre d’écrivains et d’artistes ont fait l’éloge du lieu. Mais ce que nous aimons par-dessus tout c’est l’histoire derrière le Singapore Sling, célèbre cocktail inventé au début du 20ème siècle au Long Bar du Raffles, avec l’idée qu’il pourrait permettre aussi aux femmes de discrètement siroter un peu d’alcool alors que l’étiquette en vigueur leur interdisait. Car le barman de génie derrière ce cocktail a eu l’idée de rajouter au gin, jus d’ananas, citron vert, curaçao et Bénédictine…de la grenadine, donnant au cocktail une belle couleur rose, qui pouvait facilement être confondue avec un jus de fruit inoffensif. L’histoire ne dit pas si les femmes avaient également le droit de jeter les gousses de cacahuètes au sol comme les hommes, la seule entorse autorisée aux strictes règles de propreté en vigueur à Singapour, hier comme aujourd’hui.
LA MAMOUNIA, MARRAKECH
On traverse la place Jemaa el fna en apesanteur, happé.e par l’agitation joyeuse, les odeurs, le spectacle d’une vie foisonnante de couleurs et de sons, qui a donné à Marrakech sa réputation, ville comme nulle autre, fille de la poussière, des ocres sur les facades, des palais fastueux.
Et puis on passe une porte en bois sculptée et en cuivre, pas loin de la place, et d’un seul coup on est ailleurs, dans une autre Marrakech, faite de silences, du gazouillis rafraichissant des fontaines, de jardins luxuriants, de colonnes en marbres et de mosaïques en zellige d’une époustouflante complexité, et de plafonds incroyablement décorés. Bienvenue à l’hôtel La Mamounia!
Peut-être plus qu’un hôtel, un lieu dont les murs ont mille histoires à raconter, d’époques fastueuses, de célébrités ou pseudo-célébrités (depuis qu’Instagram est né !) qui peuvent voir et être vues, un nom qui sonne comme la promesse d’un luxe inouïe.
Depuis 100 ans (car l’hôtel est né officiellement en 1923 !) La Mamounia c’est Marrakech et Marrakech c’est La Mamounia. Ou comment les mythes naissent et s’épanouissent à l’ombre des lieux qui les abritent, parfaite symphonie dans l’envoutement qui a toujours saisit les voyageurs au Maroc. D’ailleurs, on ne connait pas beaucoup d’hôtels mythiques que l’on nomme au féminin, mais ici le “LA” prend tout son sens, il ne serait en être autrement, c’est depuis toujours une muse, celle d’artistes, cinéastes et d’écrivains.
THE BEVERLY HILLS HOTEL, LOS ANGELES
C’est l’histoire d’un hôtel qui est né au milieu de nulle part en 1912. Car Beverly Hills n’existait alors même pas, ce n’était que quelques terrains et quelques rues sans intérêts et inconnues, dont Sunset Boulevard et Rodeo Drive, au croisement desquelles l’hôtel est construit (qui sont tout de même devenues certaines des rues les plus emblématiques au monde !). Mais une année avant 1912 ce qui allait changer à jamais la physionomie de la ville était arrivé : l’ouverture du premier studio de cinéma à Hollywood.
Difficile d’imaginer plus glamour que le Beverly Hills hotel à cette époque et les décennies qui suivirent et alors que Los Angeles devenait le magnet à célébrités que l’on connait: les murs de l’hôtel ont abrité tous les secrets possibles, entre idylles (Elisabeth Taylor adorait le lieu et y a séjourné avec 7 de ses maris !), trahisons, négociations et contrats, scandales, faillites, extravagances diverses de ses illustres hôtes, l’hôtel à lui tout seul est un concentré du microcosme hollywoodien. Il n’est probablement pas le plus luxueux et le plus bling-bling des hôtels californiens, mais il est le plus glamour, et son look rétro, avec ses murs roses, ses palmiers élancés, son fameux papier peint “banana leaf” et son graphisme qui a traversé les siècles, lui donne une sacrée allure sous le ciel toujours bleu de ce coin du monde.
Son aura a sérieusement pâti de l’arrivée de son propriétaire actuel, mais il restera quand même toujours ce lieu de fantasme pur où l’on imagine pouvoir converser nonchalamment avec Marylin au bord de la piscine, une coupe de champagne à la main.
L’HÔTEL DU CAP-EDEN-ROC, CAP D’ANTIBES
Sur les photos de Slim Aarons, prises dans les années 70, on voit la longue piscine d’eau de mer qui borde les rochers, la Méditerranée dans des tons légèrement passés, et des silhouettes qui se prélassent, nagent, déambulent nonchalamment. Ces photos fascinent, car elles disent tout d’une époque, du culte du corps, du soleil dont on ne se méfiait pas, et d’un hôtel qui accueillait dans toute la splendeur du luxe décontracté et de la chaleur de l’été, au bout d’une pointe qui est devenue le summum du chic Riviera.
Cet hôtel, le Cap-Eden-Roc a su être précurseur de toutes les époques et tous les fastes, il a rendu le séjour balnéaire méditerranéen désirable au début du 20me siècle (alors que la côte d’azur était une destination d’hiver), et avec lui c’est tout un imaginaire qui pointe son nez.
D’abord celui des années folles, quand Francis Scott et Zelda Fitzgerald s’installent dans l’hôtel pour quelques mois et inventent le glamour Riviera, une vie de fêtes, de champagne et d’extravagances. Sur les photos de Jacques Henri Lartigue en noir et blanc prises à l’hôtel à cette époque, on voit l’élégance, la légèreté des tissus, les grands chapeaux qui ne cachent rien, la peau qui commence à se dévoiler, les rires.
C’est que dès le départ (en 1865 tout de même !) le lieu est imaginé comme un lieu d’inspiration pour les artistes et les écrivains. De fil en aiguille c’est toute la jet-set internationale qui en fait un lieu ultra-désirable, exclusif, incroyablement luxueux. Il reste un fantasme de grand écran, devenant la cachette préférée des stars fuyant les paparazzi pendant le festival de Cannes, écrin parfait qui a définitivement ancré son glamour intemporel et l’esprit Riviera dans notre imaginaire.
HOTEL ORIENTAL, BANGKOK
On pourrait imaginer un écran que l’on couperait en 2. D’un côté de l’image le foisonnement de Bangkok, ses grues qui font monter des gratte-ciels toujours plus nombreux et toujours plus hauts, ses embouteillages et sa pollution aussi, son rythme incessant et tellement excitant, dans l’une des plus fabuleuses villes d’Asie. De l’autre côté de l’écran on aurait la vue sur le fleuve Chao Phraya, ses bateaux à longue-queue, ses palais d’or, ses marchés flottants (lorsqu’ils n’étaient pas juste destinés aux touristes), l’air embaumant les fleurs de frangipanier et les grandes palmes des cocotiers dans une explosion de vert tropical. Bangkok d’aujourd’hui et d’hier, 2 mondes qui continuent à se télescoper dans un lieu unique, l’hôtel Oriental (devenu le Mandarin Oriental Bangkok il y a quelques décennies).
Il trône depuis 1876 au bord du fleuve et semble indifférent au vacarme ambiant. On peut être parfaitement au calme au milieu de la cohue, regardant la vie du fleuve et ses immenses barges qui passent lentement, illusion parfaite d’une ville longtemps appelée la Venise d’Orient pour son incroyable réseau fluvial, maintenant plutôt réduit à sa portion congrue.
On dit qu’il fut (qu’il reste ?) le plus luxueux hôtel du monde, au service tellement parfait qu’aucun autre établissement ne pouvait rivaliser. Plus qu’un hôtel c’est devenu une marque à presque lui-tout seul, l’idée d’une certaine moiteur tropicale, du bord d’une piscine, cocktail à la main, les soucis au loin.
HÔTEL OLD CATARACT, ASSOUAN
La puissance du panorama laisse ébloui, en contrebas des fenêtres c’est le Nil majestueux et nourricier qui s’écoule, Roi des fleuves sur lequel la danse des felouques ramène à une époque où ce coin du monde était la dernière frontière de l’Egypte, et que derrière s’ouvraient les trésors des caravanes d’Afrique. Le vent chaud du désert de Nubie laisse un ciel sans un nuage, et un soleil minéral perpétuel semble tout écraser de sa force, étirant les ombres des statues et des obélisques.
L’hôtel Old Cataract garde le mystère d’époques révolues où des personnages hauts en couleur venaient profiter d’un été sans fin et d’une richesse culturelle époustouflante sous la moindre parcelle de terre poussiéreuse. Avec son entrelacs de moucharabiehs, bois verni et luxe grand style, on imagine bien l’hôtel en cadre idéal du théâtre de la vie, avec ses mystères, ses passions, ses idylles, dont le souffle romanesque n’a pas laissé Agatha Christie indifférente, c’est entre ces murs que “Mort sur le Nil” a pris forme.
Aujourd’hui il reste cette légende qui n’a pas pris une ride, et si on ferme les yeux on imagine la terrasse sur le Nil, le spectacle sans cesse changeant, le désert sur la rive opposée dans son décor de grand vide blond, et cette île Éléphantine dont le nom sonne comme une promesse qui continuerait à garder quelques secrets bien enfouis, que l’on rêve d’aller découvrir, encore et encore.
THE PLAZA HOTEL, NEW YORK CITY
C’est comme un gros gâteau style Renaissance posé au carrefour le plus stratégique de Manhattan. De son poste d’observation, il voit tout : les élégantes qui sortent de chez Bergdorf Goodman les bras chargés de paquets, les promeneurs de chiens qui arpentent Central Park, les pressés (ils sont nombreux) qui filent le long de la 5ème Avenue, les multiples taches jaunes des taxis, les touristes ébahis … C’est que le Plaza reste à-peu-près l’une des seules choses immuables par ici, sinon autour de lui des gratte-ciels plus hauts, plus modernes, plus spectaculaires, ont poussé comme des champignons. Mais depuis 1907 qu’il surveille ce coin de rue qui est presque comme un centre du monde il en a vu d’autres et il sait bien qu’il reste une icône absolue.
Entre ses murs tout ce que le monde compte de célébrités est un jour passé, pour rester une nuit ou une vie, en tenues de soirée lors de fêtes mémorables ou en tenues de sport pour aller courir dans le parc, une vie jet-set et paillettes à la new yorkaise, événements caritatifs, tournages de films et de séries, la vraie star cela a quand même toujours été lui.
Ses propriétaires successifs ont fait jaser, il n’est sans doute plus le plus somptueux hôtel de New York (lui qui depuis un siècle surveille en particulier le Pierre de l’autre côté de la rue, éternel concurrent) mais il est cette image de Manhattan que nous chérissons, comme un vieil ami que l’on a plaisir à apercevoir dans ce lieu-fantasme dont la réalité est toujours tellement plus spectaculaire que n’importe quelle scène de film.