Panier Escadrille Paris

Aujourd’hui, on avait envie de donner la parole à Alexis,

le fondateur de la marque Caulaincourt,

pour vous permettre de découvrir plus en détail son histoire, l’univers et la philosophie de cette maison unique.

 

Peux-tu nous raconter un peu ton parcours jusqu’à aujourd’hui et comment t’est venue l’idée d’entreprendre ?

Mon parcours professionnel démarre à l’âge de 3 ans où j’ai commencé le dessin de façon assez assidue. Ensuite vers 6/7 ans j’ai découvert la sculpture et vers 10/11 ans je me suis intéressé à la photographie. Et c’est un élément assez fondateur par rapport à la carrière que j’ai embrassée ensuite parce que, suite à ça, j’ai eu un parcours académique assez classique avec pas mal de diplômes à droite à gauche (école de commerce, bachelor en stratégie, l’équivalent un PHD à Centrale Paris…) donc rien à voir avec une quelconque dimension artistique.

Ensuite lorsque j’ai commencé à rentrer dans la vie active, j’ai travaillé en marketing, en stratégie et puis le hasard de la vie a voulu que, suite à un épisode de ma vie personnelle, j’ai pris quelques mois pour m’occuper d’un membre de ma famille et j’en ai profité pour réfléchir à la définition de mon « next step ». Et l’objectif fut alors d’essayer de rejoindre ces 2 hémisphères de mon cerveau, à savoir la partie créative qui me manquait beaucoup et la partie plus business.

 Et c’est comme ça que les 2 se sont rejoints sur 1 sujet qui me passionnait et dont j’étais un grand consommateur : le soulier. À l’époque le paysage de la chaussure haut de gamme était beaucoup plus désertique qu’il ne l’est aujourd’hui avec quasiment que les grandes institutions séculaires que sont Weston, Berluti, John Lobb…

Comment gères-tu ton planning ? À quoi ressemble une journée type dans la peau d’Alexis ?

Je vais vous faire une réponse de normand : en l’occurrence, et c’est tout le problème, c’est qu’il n’y a aucune journée type !

C’est ce qui crée la difficulté de ma position aujourd’hui en tant qu’entrepreneur… énormément de sujets à traiter, très souvent en urgence, et pourtant une conviction toujours très forte qu’il est absolument essentiel d’être capable de prendre du recul, d’avoir une vue d’ensemble et de garder du temps pour ces sujets-là.

S’additionne à ça toute la dimension créative parce que je suis, depuis la naissance de Caulaincourt, le directeur artistique de la maison donc ça veut dire que c’est moi qui crée les formes, les modèles, tout l’univers visuel de la marque (que ce soit pour le site web, les réseaux sociaux, pour les collab’…) donc c’est vrai qu’arriver à caser tout ça dans une journée qui ne fait que 24heures, même si elles sont au nombre de 6 par semaine, c’est pas toujours évident ! Et en même temps c’est ce qui crée aussi le sel de ma vie professionnelle actuelle donc tout se joue sur une question de priorisation et d’organisation.

Grosse modo : le lundi, la plupart de nos magasins sont fermés donc c’est la journée que je passe au bureau en essayant d’avoir le moins de RDV possible pour ne pas perdre de temps et avoir un vrai moment calme d’une douzaine d’heures au bureau pendant lesquelles je peux avancer.

Le samedi, en général j’en profite pour essayer d’être en magasin pour rester au contact des clients.

Et puis le reste de la semaine, à savoir du mardi au vendredi, c’est un méli-mélo de RDV, de phases au bureau, de phases en magasin, en essayant de tirer le meilleur parti possible de tout ça.

Et puis à ça va s’ajouter aussi pas mal de voyages, pour aller voir les ateliers, pour tout un tas de sujets aussi différents les uns que les autres.

Quelle est ta vision des collaborations en co-branding ? (On a vu les collab’ avec Lelievre, Watch Anish ou encore des artistes comme Philippe Baudelocque)

Moi j’adore ça ! Je trouve que c’est un terrain d’expression qui est très intéressant, qui permet de surprendre, parfois même de prendre à contre-pied les gens. C’est hyper enrichissant de travailler en collaboration pour le coup étant donné que moi je travaille seul à longueur d’année, en tout cas pour tout ce qui concerne la partie créa, et du coup c’est chouette de mettre en commun et d’avancer à plusieurs.

Intéressant aussi parce que ça permet de communiquer auprès de communautés qui sont pas forcément connaisseuses de telle ou telle maison et donc ca permet un petit peu de mutualiser les audiences, tout en proposant quelque chose de nouveau et d’exclusif à la clientèle de chacun !

Donc c’est quelque chose de vraiment bénéfique qu’on ambitionne de poursuivre et de développer.

 Ensuite l’autre point, c’est qu’on essaye de travailler sur des sujets qui vont être complètement différents, on choisit de façon très précautionneuse les maisons avec lesquelles on fait des collab’ et on essaye de faire des choses qui ne sont pas attendues, qui sont un peu « out of the box » et je pense que c’est ça qui est intéressant. Donc effectivement ça va du Palais de Tokyo avec des artistes d’art contemporain en passant par la maison Lelièvre Paris … enfin pas mal de chouettes choses qu’on a faites et qu’on va faire au programme des collab à venir.

Comment s’est faite la rencontre avec Escadrille ?

Escadrille… une histoire d’amour qui dure maintenant puisqu’il me semble que c’est la 7ème année.

Nous nous sommes rencontrés complètement par hasard et moi je suis toujours à la recherche de produits d’exception, de choses qui sont bien faites et bien pensées et j’avais trouvé en escadrille un fabricant d’espadrilles capable de répondre à cette demande-là.

As-tu toujours porté des espadrilles ?

Je ne portais absolument pas d’espadrilles avant de commencer ce travail avec escadrille et je dois dire que maintenant je ne peux plus m’en passer… et il me semble que nos clients non plus, donc c’est vraiment une bonne chose et un très chouette partenariat qui dure et qui provoque une vraie fidélité des clients par rapport aux produits.

Où trouves-tu l’inspiration pour chaque nouvelle collection ?

Concernant l’inspiration et les créations chez Caulaincourt, je l’évoquais tout à l’heure, c’est compliqué parce qu’il faut réussir à créer les conditions dans lesquelles on devient créatif. J’entends par là que normalement un Directeur Artistique c’est 100% de son temps qui est consacré à cette activité et donc son « main set » est orienté là-dessus, il vit et pense au travers de ça.

La grande complexité pour moi c’est d’arriver à créer des zones de respiration où je vais pouvoir vraiment travailler la création et favoriser l’inspiration. Pour cela, il n’y a pas vraiment de méthode gagnante, en revanche ce qui est sûr c’est qu’une grande partie de l’inspiration provient finalement de tout ce qui n’a que très peu de rapport avec le travail au quotidien. Ça peut être un film que j’ai vu il y a 5 ans et qui va me revenir en mémoire par rapport à tel ou tel sujet, ça peut être une lumière… moi je suis très sensible aux ambiances visuelles et en fait ça crée un contexte émotionnel, un cadre. C’est d’ailleurs difficile de l’expliquer mais dieu merci je ne manque pas d’inspiration, en tout cas en ce qui concerne mes créations pour la maison Caulaincourt et souvent le problème c’est de réduire le lancement des nouveaux produits plutôt que d’essayer de trouver un seul nouveau produit. Moi je suis assez boulimique là-dessus et c’est vrai que j’adore ça donc ça fait partie des grandes joies de mon métier !

En revanche, lorsqu’on reçoit un prototype, si j’estime que la magie n’est pas là, je n’ai aucun mal à mettre le produit à la poubelle tout simplement. Je suis très très exigeant sur les produits qu’on fait, à la fois en termes de qualité mais aussi en termes de créa.

Par exemple, si on prend un « One Cut » qui est un soulier richelieu, un escarpin tout simple, il y a un très grande partie de l’esthétique de la chaussure qui va venir de la forme à monter, donc en fait des volumes. Et ça peut prendre des années avant d’arriver à trouver les bons volumes et la forme parfaite. Dans certains cas ça m’a littéralement pris des années, mais quand on le sort c’est parce qu’on est absolument convaincus que l’esthétique est là, la magie aussi.

As-tu une paire favorite parmi tous les modèles ?

Un modèle préféré c’est un petit peu une question jocker dans la mesure où comme je crée tout ce qui me plait et ce que j’aimerais porter, c’est un choix un peu compliqué… maintenant si je devais en citer 2 ou 3, je dirais :

* le modèle « Attila », une bottine en bi-matière avec un Harris Tweed

* le modèle « Opéra » qui est un richelieu assez rétro que j’adore

* le modèle «  Bandit » un sneaker qui, à mes yeux, est vraiment une des plus belles réussites au niveau design mais aussi commercial d’ailleurs chez Caulaincourt depuis 10 ans

Quel est ton mantra, ta devise personnelle qui t’inspire au quotidien ?

Si j’avais un mantra ce serait : « La créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse » je crois que c’est Einstein qui avait dit ça.

Le meilleur conseil que tu aies reçu ?

Certainement que tout change toujours.

C’est un truc qui me semble absolument essentiel à comprendre. Ça veut dire qu’il ne faut jamais prendre les choses pour acquises, ni en négatif ni en positif. Et il y a plein de choses qui découlent de ça, notamment le fait qu’il faille savoir profiter des choses, vivre le présent, ne pas se morfondre quand on est dans une situation négative…etc.

 

On te propose un petit portrait chinois :

 

Si tu étais une œuvre d’art ?

 Je dirais un mobile de Calder

Si tu étais une destination ?

Instanbul

Si tu étais une matière ?

Bonne question… de l’eau de mer !

Si tu étais un livre ?

« Dix petits nègres » d’Agatha Christie

Qui inviterais-tu pour un dîner « parfait » ? 

Je ne sais pas si ce serait un diner « parfait » mais j’inviterais bien à diner Ernest Hemingway

Et pour finir, où est-ce qu’on peut te retrouver ?

Hé bien on ne peut pas ! 🙂 Et c’est fait exprès…

Si, on peut me trouver sur Instagram (@Alexis Lafont) mais on ne peut pas me trouver dans le sens me retrouver tel jour, dans tel lieu spécifique à telle heure… et c’est plus fun comme ça !

Un grand merci à toi Alexis pour cet échange et au plaisir de se retrouver très bientôt autour de notre prochaine collab’ 🙂